Smadj - French K-wa - 22 octobre 2010

Après diner, on descend dans la cave que je commence à connaitre. Les balances ont été faites pendant qu'on prenait l'apéro. Les artistes ont mangé à la table à coté de la notre. Tout est prés, on s'installe confortablement sur les banquettes.

Smadj 2010Smadj présente les musiciens qui vont l'accompagner pendant la soirée. Nicolas Gorge aka Art Konic aux percussions et Denis Guivarc'h au saxophone. Il n'a pas besoins de micro pour se faire entendre clairement dans ce lieu intimiste. Quel contraste avec le concert de la semaine dernière au POPB!

Smadj, le oud branché sur un immense pedalboard devant lui, est face à son ordinateur. Je me demande ce qu'il utilise comme soft, mais ça a l'air d'être le pied d'envoyer des boucles et de les modifiées à l'envie et à la volée. Les rythmes éléctro lancés sur le mac servent de base aux morceaux sur lequel Smadj tresse des mélopées enchanteresses au oud. Il est accompagné d'un percussionniste à la folie contagieuse dont le jeu organique contraste avec la rythmique froide des boucles utilisées sur l'ordinateur.

Smadj French K-waNicolas George, le percussionniste utilise un set composé de deux cymbales, congas, cajon, un tabla (normalement ils vont plutôt par deux...) plus tout un arsenal de maracas, sifflets... Les percus et les rythmes éléctros allant crescendo dans un enchevêtrement bruitiste qui ne fait que souligner la douceur mélodieuse du oud.

Après un premier morceau en duo, Smadj invite Denis Givarc'h, le saxophoniste à les rejoindre. Il à un jeu très free jazz digne de Steve Colman (dixit Smadj, moi ça ne me dit rien...), il part dans de puissantes envolées a la fois improvisées et extrêmement maitrisées, très à l'écoute.Un jeu de question/ réponse, chant/contrechant s'instaure entre le oud et le saxophone tandis que le percussionniste par en vrille. Debout derrière ses instruments, il se la donne à fond.

Smadj concertLe répertoire de la première heure  de concert se compose de titres déjà enregistrés par Smadj sur ses albums solos (dont le dernier et magnifique "Selin" qui rend hommage à Istanbul). Smadj prend le temps de présenter tous les titres joués avant de nous prévenir que la suite serait plus... mouvement aérien de la main au dessus de la tête!

Si la première partie laissait déjà une large place à l'improvisation, la deuxième propulse l'auditoire dans des contrées musicales encore plus libre. "La liberté n'existe pas" psalmodie pourtant le Nicolas Gorge en guise d'intro à ce nouveau départ. Enfin, une intro... ça ressemblais plutôt à une danse chamanique balisant l'espace et le temps. On entrait dans un espace musical où tout est possible. Le saxophone de Denis Givarc'h est de plus en plus free. Smadj lâche le oud de plus en plus souvent pour programmer sur son ordinateur des breaks de folie. Le rythme métronomique donné par l'ordinateur permet de garder une base sur laquelle les musiciens peuvent improviser avec toutes les audaces sans que je m'y perde. C'est vachement pédagogique comme approche de la musique improvisée je trouve.

Smadj trioLe percussionniste fait plusieurs allés et retours entre le public et la scène, nous prenant à partis, il vient jouer du tambour sur les tables avec deux gousses de flamboyant, cette espèce de haricots géants qui font tchik tchik... Il en explose un devant nous, on prend plusieurs graines dans la tronche. J'en ai récupéré une, je me demande si elle germerais. Ça serais génial un arbre dont le graine à été expulsée pendant un concert...  Nicolas Gorge compte les spectateurs. Nous sommes les numéros onze et douze sur un peut moins d'une vingtaine. Des spectateurs attentifs pour la plupart.


Au fil des morceaux, le nombre de bpm augmente considérablement jusqu'à atteindre un rythme assez dancefloor. J'ai un plaisir immense à être là. Le bœuf du groupe tend vers le sublime, surtout il me donne la sensation d'être ici et maintenant, il se dégage une impression de simplicité, d'évidence qui donne envie de jouer de la musique. Ce soir, le centre du monde étais dans la cave du French K-wa, quelque part entre le public et les musiciens.