Mellino et Anthony Joseph - Le Hangar, Ivry - 4 juillet 2009

Si j'étais provincial, des fois, je me détesterais. Hésiter à aller à un concert où jouent deux artistes que j'aime bien alors que ça ce passe à a peine 45 minutes de métro...Vue de banlieue-nord, la banlieue-sud, ça fait loin. C'est de l'auuuutre coté de paris, tout au bout de la ligne de métro. Et pourtant, le voyage vaut le coup!

Mellino

Bref. J'entre dans la cour du Hangar. Mellino à déjà commencé à jouer. La cour est décorée avec les guirlandes de drapeaux multicolores, au fond, une buvette. La scène est sous un marabout blanc ouvert sur trois cotés. Le tout baigné du soleil chaud de l'été.
Les tables de devant sont vides. Je m'installe confortablement, dans un des fauteuils en plastique blanc, une bière à la main pendant que Stéphane et Iza jouent "L'homme Des Marais" des Négresses Vertes, le groupe de punks-gitans au sein duquel ils ont tout les deux joués.
Ils jouent pas mal de titres des Négresses Vertes. Surtout ceux composés par Mellino : Hasta Llegar, Hey Maria, Face à la Mer,... Mais aussi des titres du dernier album de Mellino sorti en 2007. Magyd Cherfi a écris pas mal des titres de cet album dont Souffrir (qui parles de la difficulté des méditerranéens a dire je t'aime, c'est Mellino qui nous le précise en introduction de la chanson), De l'Eau De l'Air, Je te Promet...
Quelques reprises aussi disséminées parmi la set-list : La Gnosienne d'Erik Satie, magnifiquement interprétée au la guitare flamenca par Mellino en solo. Un vrais moment de grâce ce morceau, pendant que le soleil commençais a se coucher et que la chaleur devenais un peut plus supportable.
Et puis Jumpin Jack Flash des Rolling Stones. Version latino là aussi. Iza se la donne un max sur les "Hou-Hou" et au tambourin, tandis que Alainman qui restait derrière la console de mixage jusque là empoigne une guitare électrique et viens apporter son grain de sel à la sauce. Le morceau c'est fini avec les 3 musiciens au milieu de la cour, entre les tables. Ou comment passer en quelques minutes de la virtuosité au rock'n'roll. Et on aime les deux!
Mellino a un super contact avec le public, il avais l'air de voir tout ce qui se passait dans la cour : un clin d'œil aux gamins qui se courent après en sautillant en rythme, un salut entre deux chansons aux mecs qui regarde le concert de loin depuis l'escalier de service du HLM en face, une dédicace à un pote au bar,...

En guise de mise-en-bouche c'était du béton!

Il y a eu ensuite une bonne grosse heure de battement pendant laquelle on nous a offert le "pot de l'amitié" (wouais, non seulement les concerts étaient gratoch' mais en plus on se faisait rincer!) on pouvais aussi manger indien à la buvette. Tout cela était fort bienvenue. D'autant plus que les musiciens ont mangés avec nous dans la cour. L'occasion pour moi de serrer la main d'Anthony Joseph. Je l'ai remercié pour le concert qu'il avais donné 10 jours auparavant aux Solidays, que je l'ai découvert à cette occasion et que j'ai tellement aimé que je reviens le voir!
Mellino quand a lui tchatchais avec tout le monde, racontant milles anecdotes.

Anthony Joseph

Vers 21h on descend dans la salle du Hangar proprement dite. La salle est superbe. Une vrais grande scène, dans une salle toute en largeur. ce qui fait que même au fond de la salle on est quoi... au dixième rang. c'est vachement plus conviviale que la scène des Solidays avec les barrières de sécurités à 5 mètres de la scène!!
Les musiciens du Spasm Band font leur entrée, mettant en marche la machine funk, groove, afro-beat. Ça pulse énormément. Tout le monde est réceptif. Les gens sont là pour faire la fête ce soir!

Anthony Joseph déboule sur scène comme une furie, il saute partout, tourne sur lui-même, cours d'un bout a l'autre de la scène en chantant la première chanson : "Jungle". Enfin "chanson", c'est pas exactement le mot. C'est entre de la chanson et un texte récité. Aujourd'hui on parle de "slam". Je préfère "spoken-word". Surtout que la parenté avec Gil Scott Heron, le maitre du spoken-word, est évidente, tant par le phrasé et la voix d'Anthony Joseph, que par la portée de ses textes et par la musique qui vas flirter avec le free jazz.
Les textes d'Anthony Joseph parlent essentiellement de Trinidad, son pays de naissance dans lequel il a vécus avant de rejoindre Londres après son adolescence. De Trinidad il garde des visions fantasmagoriques, à la croisé des croyances indiennes des premiers habitants de l'île, et africaines des esclaves qui y ont été emmenés et dont il est un descendant.

Les premiers morceaux s'enchainent sans pause. Le groupe est parfaitement a l'aise. Ils sont quand même six sur scène en plus d'Anthony Joseph (de droite a gauche su scène) : un guitariste avec de grandes dread-locks qui étonnent ma voisine ; un premier percussionniste aux percussion vodoo dixit Anthony Joseph ; un second percussionniste aux congas, djembe, etc ; un troisième percussionniste aux cymbales ; un bassiste, énorme, qui reste debout, bien droit, dos à son ampli dont les infra basse font vibrer la chemise ; et un saxophoniste/flûtiste.

Après quatre titres, pendant lesquels le groupe est invité a improviser a plusieurs reprises, Anthony Joseph fait enfin une pause. Juste le temps de demander à tout le monde de se rapprocher de la scène, de ne pas laisser ce vide devant la scène, comme si un fantôme était a cette place. Alors on c'est avancés... Anthony Joseph à introduit Cutlass, il avais pas l'air trop sur que l'on comprenais ce qu'il racontais. Et en effet il n'y avais pas grand monde qui comprenais l'anglais dans la salle. Mais quand ils se sont remis a jouer, le public était lié avec le groupe. Tout le monde c'est mis à danser. Mais vraiment à danser. Tout le monde se la donnais. Les gamins se sont faufilés devant la scène. L'ambiance était vraiment incroyable.

Ça à eu l'air de beaucoup plaire à Anthony Joseph qui, si avant avais de temps en temps un petit coup d'œil sur le public, l'air de se demander un peut ce qu'il fichais dans cette kermesse! Mais là, porté par l'énergie du public, il s'est vachement détendu. Il bondissait encore plus sur scène, faisant voltiger son chapeau, ses lunettes et son tambourin. Ils ont improvisés pendant un moment pour une femme qui dansait très bien en intro à Dream on Corbeau Mountain. Anthony l'encourageais : "rock it babe"!

Sur les morceaux suivant des gamins commençaient a grimper sur scène. D'abord un qui s'assoie au bord, ensuite son pote qui s'allonge à coté de lui, une maman qui met sa petite gamine de trois ans sur scène pour la prendre en photo, ... Anthony qui invite deux trois gamins sur scène et puis allez, "Who's gonna join us on stage? People! C'mon! Let's break the barrier. Let's go!!" Montez tous sur scène!!! Avant de s'en apercevoir, on étaient 20 sur scène a danser, a rigoler avec le musiciens. Wahou quel pied! il c'est vraiment passé quelque chose ce soir là.

Ils sont revenus deux fois. Ils nous ont joués deux chansons qui ne sont pas sur l'album : Killer Joe et Kneedeepnditchdiggerniggersweat en guise d'au revoir.

Je ne suis pas partis sans acheter l'album. En souvenir de cette superbe soirée.