Duoud - Centre Fleury Goutte D'Or - 7 juin 2009

Franchement on avait la flegme… On avait pas du tout envie de sortir, il faisait gris, on était fatigué… On c’est foutu un coup de pied au cul pour sortir, et une fois en bas de l’immeuble il c’est mis à pleuvoir alors que le concert était prévus en plein air… J’avais lu qu’une solution de replie était prévue, mais en cherchant sur internet et dans les flyers qui trainent sur mon bureau on a rien trouvais qui disait clairement : "le concert de Duoud organisé au Centre Musical Fleury Goutte d'Or dans le cadre du festival New Bled se dérouleras en plein air, mais si il flotte on vous laissera pas sous la pluie". On c’est quand même ramenés jusqu’à la Goutte d’Or. A la sortie du métro, un grosse manif de mecs pas contents du tout, ils faisaient un peut peur et il y avais une sale odeur de poudre dans l’air (surement une manif consécutive aux élection en Iran). On était vraiment maudits !

Finalement on arrive sur place, et a partir de là tout ce déroule le mieux du monde, comme pour récompenser notre courage, un rayon de soleil se glisse entre les nuages et éclaire notre chemin quand on sort du métro pour aller au Centre Musical Fleury Goutte d'Or. Là on se fait confirmer que le concert aura bien lieu, en intérieur, dans le hall boisé du centre, et que si on veut on peut prendre un thé a la menthe au bar. Ben finalement tout s'arrange!

On s’assied par terre, face à la scène, dans une ambiance calme et conviviale de MJC. La sono a l’air bien dimensionnée et de qualité. Dans le fond du hall un présentoir propose tout ce qui se fait de mieux en matière de presse musicale gratuite : Mondomix, Longueur d’Onde, les Allumés du Jazz.

Medhi Haddab et Smadj monte sur scène, le public clairsemé se rassemble en fond de salle histoire de garder une vue d’ensemble. Heureusement pas mal de spectateurs arriveront durant le concert. Nous, on en profiteras pour s’avancer au fur et a mesure de plus en plus prés du concert, toujours assis par terre, comme si le duo de oudistes jouais chez nous, dans notre salon !

L’ambiance générale de la salle contrastait un peut avec la musique : Medhi joue du oud électrique branché sur un gros ampli Marshall, Smadj à un oud électrique et un classique, il envoie les samples et gère les effets depuis deux portables macs. L’univers de leurs morceaux est assez sombre, ils appliquent plein de saturation et d’effets sur leurs amplis, la sonorité de l’ensemble est très rock. De l’éléctro-rock burné au oud !

J’adore ce qu’ils font. De toute façon, ça fait un bout de temps que j’adore tout ce que font Medhi et Smadj. Que ce soit Duoud que j’ai découvert par hasard en squattant le rayon musiques du monde de ma bibliothèque-médiathèque municipale, ou bien Medhi sur scène avec Rodolphe Burger et Erik Marchand, au sein du fantastique trio Ekova, ou bien plus récemment avec le disque de Speed Caravan (que je n’ai toujours pas vu en live, pauvre de moi) ou bien les Album solos de Smadj (il y en a un nouveau qui sort ces jours-ci).

Ce qui impressionne, c’est la dextérité et la connivence des deux oudistes. On a l’impression d’assister a un concours de ping pong acrobatique (leur dernier album se nome fort a propos Ping Kong, comme une partie de tennis de table, mais en énorme et velu). Ils se renvoient la mélodie l’un l’autre, le rythme des machines est leur terrain de jeux. Le public est calme mais réceptif, les applaudissements sont nourris entre les morceaux, mais on ne s’agite pas trop pendant la musique, on se contente d’écouter les mélopées développées par les ouds écorchés par les rythmiques électro minimalistes des ordinateurs de Smadj.

Pour les rappels, ils ont fait appel aux musiciens de Fanfaraï, qui jouaient dans la rue tout l’après-midi alors qu’il pleuvait… Ils étaient pratiquement tous rentrés chez eux, sauf le clarinettiste et un mec, moins virtuose, au bendir. On a assisté à un de ces moments magiques que l’on ne vit que dans un concert live, vivant. Le clarinettiste s’époumone dans son tsouin-tsouin, il se cambre et gonfle ses joues. Le morceau tourne au free-jazz improvisé. Medhi nous fait une démo d’oud à la Jimi Hendrix : il joue avec l’oud derrière sa tête. Il se dégage de ce moment un émotion musicale intense que j’adore ressentir, un sentiment de liberté, un moment pendant lequel on sens que tout est possible !

Le public a fini debout. Les enfants qui sont dans le public dansent et se courent après. Tout le monde applaudissait chaleureusement, ravis du concert qu’ils venaient de nous donner et de ce final exceptionnel. Dans l’air, il y avait un peut de cette magie qui ne se reproduit pas sur disque.